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Lorsqu’on pense à l’écologie, elle se réfère souvent à un courant qui vise à prendre conscience des problèmes environnementaux pour chercher un meilleur équilibre entre l’humain et son milieu naturel. L’écologie réunit pourtant une richesse de signification, concernant à la fois la science, la politique, le militantisme et la philosophie, à l’instar du “milieu naturel” cité plus tôt (“Nature”, “milieu, “environnement”, “le Monde”, “Gaïa” ou encore “la Complexité”).

Alors que la nature et l’humain se séparaient philosophiquement au fil des siècles en Occident, c’est en 1854, avec sa notion “wilderness”, que H. David Thoreau atteint le paroxysme de cette vision. Pour lui, la wilderness est la nature vierge (1), qui n’a pas subi d’intervention humaine, comparable à la nature primordiale de la Bible: c’est donc une nature divine, qui perdrait de sa valeur si les humains entraient en contact avec elle. Cependant, W. Cronon la définit comme classiste, voir même raciste, car elle incarne un point de vue élitiste sur la nature, et ne sert que de prétexte pour s’accaparer l’Amérique en réprimant les “minorités” qui vivaient déjà dans la wilderness, et cela avant que les colons ne la découvrent (2). Séparer la nature et l’humain est donc un non-sens car le second interagit avec la première.

Au même siècle, C. Darwin introduit le processus évolutif en 1859, qui consiste à analyser les interactions et interdépendances entre les espèces, et à affirmer que ce sont les êtres les plus ajustés qui survivent à un changement d’environnement. Plus tard, son disciple E. Haeckel invente le néologisme Ökologie, composé de “oïkos” (maison) et de “logos” (discours, science, connaissance) (3). L'écologie, emprunté du terme allemand Ökologie est donc l’étude des relations dans un environnement donné, et plus spécifiquement pour E. Haeckel, c’est la science des relations des organismes vivants vivants avec le monde extérieur malgré leur hétérogénéité. L’écologie scientifique évolue ensuite pour analyser par exemple la complexité de l'interdépendance et la notion de résilience (4).

En 1912, le biologiste J. von Uexküll introduit la notion Umwelt, même si le biologiste Ratzel a sûrement été le premier à utiliser ce terme dans la langue scientifique allemande (5). L'umwelt est un environnement sensoriel et perceptif propre à chaque être, qui cohabite par le même fait avec toutes les autres Umwelt (6). La suite du XXe siècle voit l’écologie tendre vers les domaines politiques, économiques et sociétaux, ainsi que vers des mouvements sociaux (comme le mouvement antinucléaire des années 1960, qui tente de faire reprendre conscience que les humains sont liés entre eux et qu’il est primordial de repenser notre rôle au sein de l’environnement social. R. Dumont affirme que la nature est une question politique: pour que l’humain respecte la nature, il faut mettre en place des lois. On cherche à trouver des solutions, par exemple avec R. Hopkins qui propose d’adoucir notre système actuel avec une fonction alternative. La parution du Rapport Brundtland qui porte sur l’environnement et le développement contribue à la crédibilité politique de chercher des solutions, car il est rédigé par l’Assemblée générale des Nations Unies, à l’origine du terme “développement durable”, comme alternative à mettre en place (7).

Au XXe siècle, la notion d’écologie se complexifie avec les différentes sciences et mouvements qui lui sont reliés. Les relations entre l’homme et la nature continuent d’être remises en question: la nature est structurée sur des réalités hétérogènes (E. Morin), elle a une dignité à exister pour elle-même (A. Naess), les représentations de la nature influencent notre comportement vis-à-vis d’elle (B. Latour). Il n’y a pas “d’en dehors de la nature”, et la nature est la représentation occidentale du monde (P. Descola), qui ne peut remplacer la diversité des représentations des nombreuses autres populations sur ce qui n’est pas humain. Il faut en prendre conscience, pour remettre en question notre place par rapport aux autres humains, et dans ce qu'appelait P. Descola les non-humains et plus largement “le cosmos”.

- Lana Khong
Retrospective de l'écologie
(1) Cronon, Thoreau et l'idée de la nature sauvage, François Specq, 2016
(2) Ibid
(3) définition de "écologie", CNRTL
(4) Qu'est-ce que l'écologie ? par Marin Schaffner, Normandie Livre & Lecture, 2021
(5) Du milieu à l'Umwelt : enjeux d'un changement terminologique
Wolf Feuerhahn, 2009

(6) ibid
(7) Le rapport Brundtland pour le développement durable, rédaction de GEO, 2017
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Félix Guattari est un psychanalyste et un penseur qui tente de résumer des problèmes partagés. Il essaie de prendre en compte la diversité pour qu’il n’y ait pas d’ontologie de la nature. Selon sa philosophie, la nature ne prime pas sur l’homme et il a déterminé 3 écologies.

L’écologie se regroupe en une écosophie qui comporte 3 champs : environnemental, social et mental. C’est une philosophie avec des systèmes de flux, de machines, de territoires existentiels qui découlent des valeurs qui sont souvent écrasées par les valeurs économiques. Le terme de finitude existentielle définit des systèmes qui finissent par s’arrêter et qui ont conscience qu’ils ont une fin. Il faudrait des concepts écosystémiques pour l’appréhender, mais cela demande un engagement physique, il faut aller sur le terrain. Cette démarche est un processus d’affirmation de valeur qui est concret et qui ne consiste pas à seulement parler, il faut également agir. Guattari pense que l’État doit prendre des décisions, mais il faut également des prises de décisions à l’échelle locale, ce qui demande une intervention sociale. Selon lui, il faut réussir à écouter tout le monde dans sa singularité pour créer des lois globales et se détacher de la politique. L’écologie ne concerne pas que l’environnement, mais elle a avoir à des symboles. Les développements progressistes sont néfastes et cet engouement technologique est dû à un sensationnalisme des médias et de la culture médiatique qui rend tout spectaculaire et qui cherche à provoquer des sensations avec des images saisissantes sans but. Il faudrait arrêter cela pour modifier les comportements avec des actes concrets car pour faire une écologie environnementale, il faut d’abord passer par une écologie mentale. Pour lui les sciences modifient la politique et celle-ci finit toujours par aboutir à autre chose. Mais pour que la politique se modifie, il faudrait qu’elle soit partout et locale entre citoyens car de plus, il n’y a pas de gouvernement à échelle internationale pour arbitrer. Pour lui, l’art est une manière de renforcer la singularité par des gestes créateurs. Elle prend des formes généralisées de symbolisme pour inciter à discuter et résoudre des problèmes sociaux et privés pour que chacun parle de ses problèmes et que l’on trouve des solutions.

Guattari pense que nous avons tendance à diviser la nature et l’humanité, à diviser les choses en soi qui sont immuables et les hommes entre eux. Il pense que le scientisme, qui est une certaine alliance entre la technique et les sciences, conduit à contrôler les gens en contournant la science. Au lieu de chercher les connaissances, ils cherchent à obtenir le contrôle pour avoir plus d’efficacité et faire de l’argent. L’expertise est alors mise au service de l’économie. Il ne peut pas regarder l’écologie que sous un spectre scientifique, il faut permettre l’imaginaire. En effet, il critique le scientisme car ce courant a un trop grand désir d’efficacité et parfois les experts peuvent être biaisés. Il ne décrit jamais comment la nature fonctionne car il ne veut pas qu’il y ait une sorte de dictature qui possède une seule vérité mais il veut au contraire différents points de vue. Il ne doit pas y avoir une définition de la nature à partir duquel l’on construit tout. La pensée ne doit pas être hiérarchique mais elle doit être en rhizome. Elle ne doit pas avoir de centre et être uniquement constituée de réseaux car s’il on détruit une partie de ce système, celui-ci est résilient et continue à marcher. Ainsi, la vérité ne doit être ni scientifique, ni religieuse ou artistique, tout le monde possède un point de vue qui doit être respecté. Elle doit former une polyphonie qui permettra de créer un nouveau système.

Ainsi il a déterminé 3 écologies :
- L’écologie mentale, qui est dans une démarche de préserver, de na pas casser les manières de penser ou de les imposer mais de s’adapter, de ne pas écraser les imaginaires mais de créer un imaginaire commun.
- L’écologie sociale, qui se situe dans une démarche de ne pas imposer mais de comprendre les fonctionnements d’organisation
- L’écologie du travail, qui consiste à soigner les relations existantes.

- Nina Rapin
L'écologie selon Félix Guattari
Les trois écologies, Félix Guattari, 1989
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