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Vers la sobriété heureuse, Pierre Rabhi, 2010, éditions Actes Sud

À travers ce livre, Pierre Rabhi nous propose un témoignage de son choix de vie : la sobriété. Pour lui, la modération est nécessaire car la Terre a ses limites qui vont à l’encontre de la croissance économique infinie. Ce système dominant dissimule son inefficacité et ses contradictions, basées sur un modèle qui porte en lui-même sa propre destruction, car il ne peut produire sans détruire. Il faut alors instaurer un politique de civilisation fondée sur la sobriété en satisfaisant nos besoins vitaux avec les moyens les plus simples et sains en créant notre propre autonomie pour résister à notre dépendance et au principe de progrès qui détruit la planète.
Sa philosophie est apparue en même temps que l’arrivée des français en Algérie, qui a bouleversé sa vie et tout son système basé sur la pauvreté, l’aumône, l’hospitalité, la paix, la joie, les fêtes, la satisfaction et la gratitude, pour instaurer un système qui pousse les habitants à changer de travail pour survivre, à s’abîmer les entrailles, à se presser, à abolir toute perte de temps, à ne penser qu’à l’argent, à se mettre à l’heure de la civilisation nouvelle : le Progrès. De là, tout un questionnement est apparu : travaillons-nous pour vivre ou vivons-nous pour travailler ? Cette modernité a réduit la condition de tous à une forme d’esclavage en prétextant l’améliorer et en produisant un capital financier sans aucun souci d’équité en instaurant la pire inégalité par le simple fait de prendre l’argent comme mesure de la richesse. Cet exploitation et l’asservissement de l’homme par l’homme a toujours été une perversion que la modernité a perpétué sous le nom de : démocratie, liberté, égalité, fraternité, droits de l’homme, abolition des privilèges…
La sobriété heureuse est un art de vivre, devenant un espace de liberté avec un humanisme vivant et actif où la pauvreté permet une voie juste et libératrice.
Pierre Rabhi s’interroge alors sur la place de la sobriété dans des contextes aussi compliqués. Il faudrait une décroissance soutenable, la croissance indéfinie n’existant pas. Il faudrait refonder l’avenir sur la logique du vivant : les biens vitaux doivent être protégés par une règlementation spécifique en votant des résolutions radicales. Il faudrait un rééquilibrage homme/femme dès la phase d’éducation des enfants, l’image de la femme étant dégradée. Il faudrait développer une pédagogie de l’être qui permette à l’enfant de se doter d’une cohérence intérieure qui lui donnera le sentiment d’être à sa véritable place dans la diversité du monde. Elle doit aussi restaurer la complémentarité des aptitudes tant physiques que mentales car l’enfant est saturé d’outils ludiques qui le détourne de la capacité de créer par soi-même. Quelle planète laisseront nous à nos enfants ? Et quels enfants laisseront nous à notre planète ? Dans la société la vieillesse est synonyme de déchoir avant de disparaître et l’assistance mutuelle entre générations et la solidarité rationalisée touche à ses limites.
Aujourd’hui la démocratie est pervertie et la société est de plus en plus anxiogène : l’avenir sera ce que les humains en feront. Il faut entretenir l’indignation pour ne pas tomber dans l’indifférence. Pour affranchir la tyrannie de la finance il faut s’organiser pour ne plus en dépendre totalement, même si paradoxalement pour vivre sobrement il faut être bien pourvu financièrement.
La sobriété est juste une quête de simplicité et de cohérence.

- Nina Rapin
24 mars 2023
BASE D'EXEMPLES DE PROJETS
Nina
Résumé plus complet :

À travers ce livre, Pierre Rabhi nous propose un témoignage de son choix de vie : la sobriété. Pour lui, la modération est nécessaire car la Terre a ses limites qui vont à l’encontre de la croissance économique infinie. Ce système dominant dissimule son inefficacité et ses contradictions, basées sur un modèle qui porte en lui-même sa propre destruction car il ne peut produire sans détruire. Il faut alors instaurer un politique de civilisation fondée sur la sobriété en satisfaisant nos besoins vitaux avec les moyens les plus simples et sains et en créant notre propre autonomie pour résister à notre dépendance et au principe de progrès qui détruit la planète.

Sa philosophie est apparue en même temps que l’arrivée des français en Algérie, qui a bouleversé sa vie et tout un système basé sur la pauvreté, l’aumône, l’hospitalité, la paix, la joie, les fêtes, la satisfaction et la gratitude, pour instaurer un système qui pousse les habitants à changer de travail pour survivre, à s’abîmer les entrailles, à se presser, à abolir toute perte de temps, à ne penser qu’à l’argent qui s’immisce partout, à se mettre à l’heure de la civilisation nouvelle : le Progrès. De là, tout un questionnement est apparu : travaillons-nous pour vivre ou vivons-nous pour travailler ? Cette modernité a réduit la condition de tous à une forme d’esclavage en prétextant l’améliorer, en produisant un capital financier sans aucun souci d’équité et en instaurant la pire inégalité planétaire par le simple fait de prendre l’argent comme mesure de la richesse. Cet exploitation et l’asservissement de l’homme par l’homme a toujours été une perversion que la modernité a perpétué sous le nom de : démocratie, liberté, égalité, fraternité, droits de l’homme, abolition des privilèges… La modernité lui est apparue comme une immense imposture.

À la fin des années 1950, Pierre Rabhi était ouvrier et ses camarades, convaincus que le monde moderne réservait un avenir radieux à lieurs enfants, avaient fois en le progrès et devenaient des missionnaires de la doctrine marxiste, comme un culte allant jusqu’au sacrifice de leur personne, se considérant de la caste la plus basse à cause de la société qui promeut un élitisme par l’intellect. C’était le temps des Trente Glorieuses : l’économie fonctionnait à plein rendement, alimentées par les ressources abondantes et gratuites du tiers-monde. Il planait alors un climat désabusé dû à la surabondance et la société de consommation en a profité pour créer simultanément besoins et frustrations. Le consommateur est alors pris dans un cycle de la machine, qui produit plus pour que l’on consomme plus, le crétinisant à l’aide d’une publicité omniprésente : elle joue avec le consommateur et s’en joue. Mai 68 a permis de dénoncer cette société et d’exprimer le désir de modération car surabondance et bonheur ne font pas de pair.

Les peuples d’avant étaient reliés à la terre patrie et se trouvaient profondément intégré au réel. En effet, appartenir à une terre est un impératif vital pour tous les peuples, cependant la modernité a inventé toutes sortes d’exils. Par exemples, pendant le massacre de 1914-1918, les allemands et français se sont génocidés mutuellement pour tester les inventions technologiques les plus abjectes et les personnes issues des territoires coloniaux ont irrigués de leur sang l’Europe. Les exils ont pour motif la servitude volontaire qui est aperçue comme délivrance : échapper aux conditions pénibles et aléatoires pour la certitude et le confort matériel d’un salaire régulier.

Le monde rural n’a pas échappé à la modernité, des prouesses de l’agrochimie en passant par le tracteur, emblème du progrès, bien que les paysans étaient autrefois considérés comme attardés du progrès. Inconsciemment, ils ont participé à la croissance aveugle de l’immodération en détruisant le bien commun. De plus, la modernité devait éradiquer la faim dans le monde mais n’a fait que de l’aggraver. Le lien avec la terre nourricière fondé sur la modération et le respect sera garant de notre survie et dignité.

Il serait injuste de nier les avancées politiques, technologiques et médicales, mais l’uniformatisation et la standardisation de cette modernité l’ont rendu totalitaire.
Cette modernité érigeant l’homme en roi a établi comme norme le fait que la planète est ravalée au rang de gisements de ressources à exploiter définitivement, modifiant sur son passage les fondements de la vie. Elle a instauré l’intégrisme et la « pensée minérale » qui exclut toute subjectivité, sensibilité et intuition au nom d’une réalité fragmentée et mécaniste avec une prolifération de spécialistes ou d’un scientisme tyrannique. Mais le délit suprême est d’avoir livré à l’être humain la finance sur lequel s’est construit le monde et qui l’a dépoétisé, le rendant propice à l’ennui. De plus, elle a créé une aliénation des personnes à un travail sans intérêt et nocif : le travail à la chaîne ou la servitude banalisée qui consiste à réduire l’être humain à une gestuelle répétitive jusqu’à l’abrutissement. Il y a également la création d’une pyramide hiérarchique et militaire avec des humains importants en haut cumulant tout le positif et en bas ceux moins importants cumulant tout le négatif. Ce système comporte aussi un caractère carcéral car il enferme les personnes dans des « boites », avec clés, serrures, codes caméras créant l’absence d’horizon, de l’insécurité et une toxine sociale. De plus, l’écrit cède à l’écran qui sert les solitudes d’une société en mal de lien social et rend la personne dépendante en prétendant la libérer. Enfin, l’accès partout et à tout moment à l’information où tout et son contraire cohabite prétend à la liberté, mais le silence procure un apaisement et est un acte de sobriété les plus bénéfiques. La modération est l’un des moyens qui permet au génie humain d’être au service de l’humain et du vivant.

L’immodération est une quête d’un dépassement de la banalité du quotidien en stimulant des désirs, parfois inaccessibles créant des frustrations qui sont facteurs de souffrance. Alors que la modération instaure un bien-être profond que l’objet ne peut offrir. Nous appartenions à la Terre et maintenant la Terre nous appartient. Nous devrions chercher l’harmonie avec la nature mais nous la subordonnons.

La modernité est le temps qui passe indexé sur l’argent. Le temps ne doit pas être perdu mais toujours gagné, ce qui a instauré une frénésie comme mode d’existence collective. La modernité est une hystérie et une machine qui harcèle le citoyen entraînant de l’anxiété et infligeant raideur et douleur à un corps qui est malmené. La vie de ces êtres est dévolue à la productivité. Les outils informatiques sont des moyens magiques qui réduisent le temps et l’espace au point de les abolir. Ils sont conçus pour gagner du temps mais perdent leur finalité car l’on se perd dans cet espace artificiel et le temps virtuel risque de porter atteinte à la nature profonde de l’être humain. Ces outils sociaux renforcent-ils les liens ou connectent-ils les solitudes ?
Tous les outils inventés par les humains peuvent servir au pire ou au meilleur selon l’évolution de la conscience de l’usager. Ces instruments supposés servir l’humain l’asservisse à cause de leur complexité qui demande des spécialistes. Le monde moderne est fondé sur des outils dépendants des énergies conventionnelles et le rend vulnérable. Seules les communautés non équipées de toutes ces technologies échapperaient au désastre. La modernité ne prend pas en compte la subjectivité humaine et il est impossible de comprendre la marche du monde sans tenir compte de l’irrationalité du monde. C’est par le changement positif des individus que le monde changera positivement.
La sobriété est une posture délibérée pour protester contre la société de surconsommation. C’est une résistance déclarée pour contribuer à l’équité.

Les peuples qui étaient autonomes sont conditionnés pour produire des denrées au détriment de leur propre survie alimentaire, soumis à la loi du marché, ils seront toujours perdants face à la concurrence. La misère s’installe et pousse à l’émigration. Ils sont les jouets de la stratégie qui les pousse à passer de la sobriété à la misère.
Ces populations vivaient sans argent avec le troc, il y avait une assistance mutuelle de génération en génération, les communautés étaient proches de leur source de vie, chaque individu était à la place où il était utile, le lien social abolissait la solitude, ils ne tuaient pas sans nécessité vitale : la gratitude et la sobriété leur suffisait. La culture est commune à tous les peuples nomades : hospitalité, générosité, précarité, partage.
Burkina Fasso en 1985 : 96% de paysans, revenu annuel de 40 euros, entraide, solidarité, réciprocité, sentiment général que tout est sacré, tout le monde répond à ses besoins sans créer de richesse, alors que la civilisation supprime la liberté individuelle et oblige de se conformer aux règles. C’est l’argent qui décide de ce que sont les vraies richesses. Tout ce qui n’a pas de prix n’a pas de valeur. La modernisation entraîne l’éradication des traditions et la colonisation des esprits va de pair avec la colonisation des territoires.

Le fameux « rien ne se crée, rien ne se perd, tout se transforme » de Lavoisier met en évidence que la nature n’a pas de poubelles et a horreur du gaspillage.
Cependant, il ne s’agit pas d’éveiller une nostalgie d’un monde révolu qui aurait atteint l’idéal, mais de déplorer que celui-ci n’ait pas enrichi des valeurs positives de la modernité. L’être humain vivait avec tranquillité et légèreté et proclamait son appartenance à la vie au lieu de revendiquer d’en être le propriétaire. L’épuisement des ressources par les plus avides a créé le principe d’inégalité et d’inéquité.

La sobriété heureuse relève du domaine mystique et spirituel et est un art de vivre. Par le dépouillement intérieur, il devient un espace de liberté affranchi des tourments liés à la pesanteur de notre mode d’existence. Il faut comprendre ce qu’est la vie pour en faire un chef-d’œuvre par un humanisme vivant et actif.
Véritable option et choix de vie, la pauvreté permet de cheminer sur une voie juste et libératrice. L’extension est souvent synonyme de réussite alors que l’autolimitation devrait en être une aussi car la sobriété est une force.
Cependant la limite entre sobriété et non-sobriété est devenue très floue de nos jours. Pierre Rabhi essaie de définir clairement ce que la modernité devrait être dans des contextes aussi compliqués.
Il faudrait une décroissance soutenable car la croissance indéfinie n’existe pas et est un processus qui est fatal pour les humains. On ne peut appliquer à une planète limitée un principe artificiel limité. Il y va de notre survie. Notre modèle de société n’est pas « rafistolable », les effets désastreux induit ne cessent de s’amplifier et on ne fait que de prolonger l’agonie.
Il faudrait refonder l’avenir sur la logique du vivant. Les biens vitaux que la planète recèle doivent être protégés par une règlementation spécifique et il faut voter des résolutions radicales. Les peuples autochtones nous témoignent que l’harmonie entre les humains et la nature comme fondement de l’écologie est possible.
Il faudrait un rééquilibrage masculin/féminin dès la phase d’éducation des enfants, l’image de la femme étant une matière première à forte valeur ajoutée en fantasmes commercialisables de toute sorte à cause de la manipulation mentale de la publicité ». Ce machisme quasi indestructible demeure.
L’éducation des enfants est aujourd’hui une machine à fabriquer des soldats de la pseudo-économie. Il faudrait développer une pédagogie de l’être qui permette à l’enfant de le faire naître à lui-même. Le doter d’une cohérence intérieure lui donnera le sentiment d’être à sa véritable place dans la diversité du monde. Elle doit aussi restaurer la complémentarité des aptitudes tant physiques que mentales. L’enfant est saturé d’outils ludiques qui le détourne de la capacité qui est de créer par soi-même. De plus, les jouets véhiculent des symboles pernicieux et pervers de la société : il faudrait édicter des règles strictes pour le protéger. Quelle planète laisseront nous à nos enfants ? Et quels enfants laisseront nous à notre planète ?
Dans cette société, la vieillesse n’est pas synonyme de s’accomplir, fructifier et transmettre avant de s’éteindre mais déchoir avant de disparaître. C’est ainsi que la peur de vieillir s’est répandue. L’assistance mutuelle entre générations et la solidarité rationalisée touche à ses limites et le maintien en vie n’aura qu’un temps.

L’indignation peut engendrer le meilleur ou le pire et les opprimés resteront des oppresseurs si l’on n’éradique pas les germes de l’oppression. Aujourd’hui la démocratie est pervertie et le suffrage universel est une parodie. La société est de plus en plus anxiogène à cause également des données scientifiques qui provoquent des controverses et du pessimisme. L’avenir sera ce que les humains en feront.
Il faut entretenir l’indignation pour ne pas tomber dans l’indifférence et pour affranchir la tyrannie de la finance il faut s’organiser pour ne plus en dépendre totalement. Mais il y a tout de même une paradoxalité car pour vivre sobrement il faut être bien pourvu financièrement. La sobriété est juste une quête de simplicité et de cohérence.

- Nina Rapin